Sécurité militaire et policière
Ce matin là, je n'ai pas fait mon marché
Jeudi 5 avril
Pamplona – La Laguna - 42 km
Pendant que tout Pamplona s’apprête à accueillir des milliers de catholiques pour la journée sainte de demain, je prends la route de Bucaramanga située trop loin pour une seule étape. Je ne sais donc pas où je dormirai ce soir, ce soir comme les autres soirs depuis le 6 avril.
Le relief me confirme qu’une journée ne suffira pas et c’est là aussi toute la difficulté mais aussi l’intérêt d’un tel périple à gérer son avancée dans le temps et dans l’espace.
J’ai une certaine appréhension d’installer la tente n’importe où, en camping sauvage. Je ne connais pas la réaction des gens s’ils aperçoivent un intrus pas loin de chez eux. C’est certainement ma culture européenne qui me guide et peut-être n’est-ce qu’une peur malsaine. Dans le doute je m’abstiens. Autre réaction qui m’empêche de dormir dans les rares endroits plats et dénudés, ce sont les animaux que je retrouve morts sur la route et qui la nuit ne sont peut-être pas de bons voisins. Tout ceci m’amène à demander parfois une terrasse de maison, ou plus exactement le ciment plat d’une baraque en tôle rouillée mais le plus souvent, je suis à la recherche d’une « posada » au Venezuela, d’un « hostal » en Colombie pour y être assuré de trouver une douche, même froide, et un lit. Il faut parfois ne pas y regarder de trop près.
Ma journée se déroulera comme beaucoup d’autres en ce moment, c'est-à-dire à laisser défiler le compteur kilométrique lentement, très lentement, ce qui me laisse le temps de voir que je traverse des failles géologiques qui pourraient paraître inquiétantes et surtout de mesurer combien la sécurité est présente partout en Colombie. Pas moins de quatre barrages de militaires et de policiers sur 42 km de parcours. Surprenante aussi cette complicité qui existe entre les habitants et leurs gardiens de l’ordre, complicité qui se manifeste systématiquement par des pouces levés de la part des automobilistes et par la réponse identique des militaires. Je me mets donc à faire pareil et même à prêter mon vélo à des policiers, curieux de voir passer sous leurs yeux cet étrange passager.
Vendredi 6 avril
La Laguna – Bucaramanga – 92 km
Tout pour le Vendredi Saint
Etranges processions auxquelles nous ne sommes pas habitués qui marquera une bonne partie de ma journée et même du début de la nuit. Sur le bord des routes, chacun s’apprête à partir vers la croix de l’église.
L’heure approchant, toute la population converge vers le lieu saint en motos, en voiture, à pied, à cheval. La famille est là, au grand complet, avec les habits rituels, parents, grands parents, enfants avec même certains qui se confectionnent à la hâte une croix de bois avec deux bouts de bâton.
C’est la ferveur dans tous les lieux que je traverse aujourd’hui. La terre attendra demain, les magasins n’ouvriront que demain, seule aujourd’hui n’ouvre que la porte de l’église.
et une croix confectionnée à la hâte
Après une quarantaine de kilomètres à atteindre le sommet de la région, le Picacho à 3 407 m, une descente difficile de 50 km vient conclure la journée avec une plongée magnifique sur Bucaramanga, la principale ville de la région.
Je m’accorde une flânerie d’une journée dans cette cité très vivante et agréable.
Très courant de voir des particuliers vendre des "minutes téléphone"