Enfin la montée !
Lundi 30 avril
El Silencio – El Diviso – 52 km
Voici quelques jours que la montagne que je parcours depuis presque deux mois ressemble plutôt à nos Vosges. Je roule en effet entre 600 et 800 m d’altitude mais pas forcément avec facilité.
Longueur : 15 cm environ
Aujourd’hui, changement de ton ! A une centaine de kilomètres de Pasto, j’attaque enfin l’ascension des 2 500 m et ce soir je dors à 1 250 m, invité que je suis par le restaurateur du « pueblo » (village) qui m’offre sa terrasse pour y installer ma maison de toile. En échange, je goûterai sa cuisine en évitant si je peux le riz servi à tous les repas, même celui du matin.
Alors que je finissais de m’installer et d’attendre tranquillement l’arrivée de la nuit, une surprise de taille avec l’arrivée de deux couples en vélo, l’un canadien de langue anglaise et l’autre franco suisse. Le petit restaurant perdu au milieu de la montagne andine est devenu en quelques heures le rendez-vous international des cyclistes. Quelle heureuse rencontre qui bouleverse les habitudes de chacun, les miennes en premier !
Nous passerons la fin d’après midi à partager l’espace tout juste réduit à trois tentes et le repas fut des plus conviviaux à échanger les anecdotes de chacun dans des chemins différents même si nous nous dirigeons tous les cinq vers Ushuaia.
Mardi 1er mai
El Diviso – Chachagui – 41 km
Je suis encore sur le coup de la surprise d’hier avec la rencontre fortuite de ces quatre voyageurs à vélo et les quelques heures de l’après midi puis de la soirée passées à évoquer beaucoup de son voyage en cours et des aventures vécues. Le couple canadien voyage léger avec très peu de chargement ce qui leur permet de parcourir une longue distance journalière, autour de cent kilomètres, même en montagne. Difficile pour moi en raison de la charge sur le vélo mais surtout de l’âge : ils ont la trentaine pleine de vélocité et moi le double. Le second couple est franco suisse et va à la rencontre de notre planète depuis plus de deux ans. Le temps de rouler à travers tous les continents et de totaliser 31 000 km à leur compteur mais surtout d’emmagasiner des souvenirs d’une aventure peu commune. Leur site devrait nous en conter davantage sur leur périple : www.untourenvelo.ch .
Le couple canadien, Lydie et Eric
J’apprécie particulièrement la compagnie très sympathique de Lydie et d’Eric avec cette façon d’être à l’écoute de l’autre, de communiquer en même que de rester vigilant à leur organisation matérielle bien rôdée depuis. Le temps n’a pas l’air de les avoir blasés à en croire l’appareil photos toujours à l’affût des beautés offertes par cette nature si généreuse dans ce sud de la Colombie. Pour la première fois, le relief vient de nous offrir son vrai visage avec la vision d’un stupéfiant panorama, digne des livres de géographie feuilletés depuis nos bancs d’école. Une photographie s’impose devant cette vallée très escarpée, aux versants verdoyants, un rio prisonnier fuyant sa source et une route vertigineuse sur le versant d’en face que nous devons emprunter pour rejoindre les hauteurs de Pasto.
Route vertigineuse sur le versant d'en face
Pasto qui fera sans moi ce soir, avec probablement le couple canadien déjà sur place et peut-être Lydie et Eric que j’ai lâchement abandonnés dans la ville de Chachagui où m’attendait enfin un lit dont j’avais oublié le confort depuis près d’une semaine.
Peut-être nos chemins se rencontreront-ils à nouveau, à Pasto que je compte atteindre demain, ou ailleurs puisque Lydie et Eric termineront le tour de notre planète par Ushuaia.
Bon voyage à tous ces voyageurs de l’infini !
Y'a pas que des cyclistes au bord des routes !