La traversée du Lipez (1er jour)
Mercredi 19 septembre
Traversée du désert du Lipez en 4x4
Un départ peu ordinaire aujourd’hui puisque je n’enfourche pas la bicyclette mais l’installe sur le toit d’un véhicule 4x4 et moi dedans.
Près de quatre cents kilomètres en une journée et trois heures à regarder défiler un décor de cinéma sans aucun effort que celui d’appuyer sur le déclencheur de l’appareil photos. Et je ne m’en suis pas privé !
Un étrange cimetière de trains commence la randonnée motorisée avec cette ferraille dont on se savait plus quoi en faire et qui est maintenant la proie des intempéries et du sable. Triste fin de règne pour ces superbes machines qui n’ont plus que leurs souvenirs à se raconter lorsque les visiteurs se retirent le soir venu.
Uyuni a en effet été un carrefour commercial grâce au train et la ville conserve dans ses rues le souvenir de ce passé ferroviaire important. Le cimetière garde lui aussi, en quelque sorte, l’image des trains maintenant scellés dans le sable.
Des dizaines de kilomètres sans souffrir de ces horribles pistes, je n’ai pas l’habitude ! Un vent de plus en plus présent me fait encore moins regretter ce transport passe partout.
A moi la tôle ondulée profil de torture, même pas peur ! Chouette du sable et des cailloux, des gros en plus, même pas peur non plus ! Et ces pistes qui partent dans tous les sens pour mieux vous perdre dans ce désert aride, même pas encore ! J’ai comme un sentiment de vengeance qui m’envahit ce matin. Je me sens bien.
Les montagnes défilent à une vitesse folle. Et là sur la gauche, une lagune où prend plaisir une colonie de flamands roses. La photographie sera délicate car ces grands échassiers se montrent méfiants et ne se laissent pas emprisonner facilement dans la boîte.
Un arrêt maintenant dans un entrechoquement de roches au milieu d’un désert de sable. Un Condor de pierre veille sur son territoire mais m’autorise l’image.
« Merci à toi seigneur des airs figé dans la pierre. »
Le vent lui aussi nous montre sa présence de plus en plus vigoureuse et accélère notre randonnée. Il n’a pas l’air pour autant de perturber une autre colonie de flamands. Majestueux oiseaux qui poursuivent leur repas malgré notre passage et repartent en file indienne vers un autre endroit de la lagune.
A nous aussi notre pitance au bord du lac !
Après le Condor de pierre, l’Arbre de pierre, curiosité touristique sur la piste du Lipez. Peut-être s’est-il pétrifié rien qu’à l’idée de savoir que le seigneur des Andes choisirait ses branches pour venir s’y reposer ? Le vent, toujours lui, est passé par là et a joué les sculpteurs.
Et puis, cerise sur le gâteau de la journée pourtant riche en spectacle : la laguna Colorada multicolore : du bleu, du blanc et du rouge. Un feu d’artifice national ! Une peinture grandeur Nature !
A vos pinceaux artistes peintres, le décor dont je ne cesse de me délecter est à vous !
Votre palette en frémit déjà.