Incident à l’hôtel
Passage frontalier entre Chili et Bolivie
Mercredi 12 septembre
Colchane (Chili) – Coipasa ( Bolivie) – 25 km !!!
Hormis l’électricité coupée la nuit et pour la journée dans cette région nord du Chili, le réveil à l’hôtel se déroule normalement avec un petit déjeuner très copieux à la table de nombreux clients. Avant de remonter dans la chambre pour préparer ma prochaine étape, une petite vérification au vélo en pensant à un couple de Hollandais rencontré à la maison des cyclistes de La Paz qui avait eu l’horrible surprise de constater le vol de leurs vélos pourtant cadenacés, dans l’hôtel même. Le vélo est toujours là, je suis rassuré mais quelque chose d’anormal sur mon guidon : le compteur kilométrique a été arraché.
Je réalise tout de suite les conséquences. La mauvaise surprise passée, j’appelle le propriétaire des lieux et là, les choses vont aller très vite.
Lui aussi est surpris, ne comprend pas mais n’a pas l’air de prendre les choses en main. Je lui fais comprendre plusieurs fois que quelqu’un dans l’hôtel est entré dans la pièce non verrouillée pour arracher du vélo ce qui m’est utile et précieux pour la suite de mon voyage mais aussi très couteux pour mon budget. Toujours pas plus de réaction. Je le menace alors de faire appel à la police si je ne retrouve pas l’objet. A plusieurs reprises, je lui dis la responsabilité qu’il a vis-à-vis de ses clients et de leur matériel qui entrent dans son hôtel contre une certaine somme d’argent. Il me fait comprendre alors qu’il ne sait pas comment a disparu le compteur et où il se trouve.
Très en colère, je passe des menaces à l’acte. A cent mètres de là, le poste des carabiniers, son commandant à qui j’explique les faits. Moins de dix minutes après, nous sommes trois dans l’hôtel et je redis devant le commandant la responsabilité qu’a tout propriétaire d’un tel établissement vis-à-vis de tout client.
Le commandant explique alors son rôle d’arbitre et les deux conséquences possibles dans cette vilaine affaire. Soit un accord est trouvé entre vous avec dédommagements soit le tribunal se saisit de l’affaire et prend sa décision.
« Une justice très lente » me dit le commandant. Ceci ne m’arrange pas du tout et visiblement le propriétaire non plus, soucieux peut-être pour la réputation de son établissement.
« Combien me demande-t-il ?
Quatre-vingts dollars !
Cinquante me répond-il
Soixante-dix et je ne descends plus ! »
Face au ton ferme que je prends, il accepte la transaction devant le commandant et nous nous retrouvons rapidement dans les locaux des carabiniers pour signer chacun l’accord. Je reçois les soixante-dix dollars.
Moins d’un quart d’heure plus tard je quitte l’hôtel, soucieux tout de même d’apercevoir le propriétaire en train de téléphoner. Avant de le voir une dernière fois, je lui glisse un vilain mensonge au cas où il aurait la mauvaise idée de faire appel à ses amis pour récupérer son argent sur les routes désertiques de la frontière.
« La police m’a prévenu qu’elle me suivrait au-delà de la frontière ! »
Je crois qu’il n’est pas prêt à recevoir de futurs clients cyclistes. Désolé les amis !
Les formalités frontalières passées, je pensais que cet incident regrettable allait bouleverser ma journée de cycliste. Il n’en fut rien !
Mon but maintenant reste bien le salar de Coipasa et la ville du même nom.
La journée qui avait commencé de la plus mauvaise manière se terminera de la plus belle. Je suis en effet invité à passer la fin de journée et la nuit dans un camp militaire bolivien. J’aurai même la chance d’assister à un des plus beaux ciel étoilé qui m’ait été donné d’admirer avec une coupole complète au dessus de ma tête, d’une pureté totale.
La nature continue de m’offrir ce qu’elle a de plus beau ce soir. Il n’en va pas toujours de même pour l’être humain. Ne ferait-il pas partie intégrante de la Nature ?
Salar de Coipasa
Construction en blocs de sel
Ciel pur et soleil dangereux !