Rencontre inattendue
Samedi 21 juillet
Huancavelica – Pucapampa – 49 km
Quelques portraits furtifs dans la ville de Huancavelica avant de la quitter
et en prime, une manif de l'Education
Deux jours de repos m’ont mis en appétit et l’envie d’en découdre avec la Cordillère des Andes est toujours aussi forte. Deux détails importants tout de même, un col à plus de 4 800 m et une piste de cinquante cinq kilomètres avant d’atteindre ce col. Cette piste que je redoute comme toujours.
Je n’ai pas d’autre choix que de prendre ce qu’il y aura et je balaie rapidement le doute avant qu’il ne m’envahisse.
Cette piste s’annonce fort bien avec un pourcentage de dénivelé ne dépassant pas 3%. Tout se présente bien pour gravir ce col dans quelques heures et de prévoir la descente de vingt quatre kilomètres pour trouver refuge dans l’après midi.
Mais l’ascension, même douce, arrive petit à petit à éteindre l’énergie que j’avais emportée ce matin. J’avance à petit rythme sous un soleil de plomb et dans un chemin qui n’est que poussière et petits cailloux. Le passage régulier d’engins motorisés soulève des nuages de poussière. Les quelques herbes aux abords de la piste ont depuis longtemps pris la couleur de la piste. Et je commence à prendre aussi cette couleur. Je me fond dans la nature mais pas de bon gré.
Dans un des multiples lacets de la journée, j’aperçois un cycliste voyageur décidé à venir à bout lui aussi de cette longue montée. J’envoie alors de grands signes pour lui montrer qu’il n’est pas seul ici, et je l’attendrai au prochain village. Là, personne en vue au bout d’une longue attente. Je décide alors de poursuivre seul l’ascension, persuadé que si nous devons nous rencontrer ça se fera naturellement.
A cette altitude, les petits ruisseaux jouent avec la glace
Traduction: "La montagne s'écarte pour me laisser passer"
Qu'écrire devant ce tableau ?
Quelques kilomètres plus loin, à une heure tardive de l’après midi, je constate que je dois remettre à demain les deux dernières heures de grimpette. J’installe alors la tente dans un tout petit village non loin d’un troupeau d’alpagas de quatre cent têtes avant de retrouver la silhouette du cycliste, cherchant lui aussi peut-être à installer son hôtel ambulant.
Heureux hasard, c’est un français âgé de 59 ans, venu de Tours pour poursuivre sa découverte du Pérou avant de retrouver ses élèves de BTS à la rentrée prochaine. Le vélo et l’Education seront bien entendu les sujets de discussion pendant le repas et avant d’affronter le grand froid de la nuit qui s’abat rapidement à cette altitude de 4 500 m.
Rencontre inattendue de Emmanuel
Le soir, ce jeune berger, une boule de feuilles de coca dans la bouche, viendra nous demander de l'alcool
Agréable rencontre qui m’a permis d’échanger des idées dans ma langue maternelle, ce qui ne m’est pas arrivé souvent depuis près de cinq mois. Une journée pas comme les autres et demain, nous décidons de partir ensemble pour atteindre un premier col à plus de 4 800 m et, dans la foulée, son voisin à plus de 5 000 m.
Pourquoi pas ?