Journée éprouvante !
Mercredi 18 juillet
Izcuchaca – Huancavelica – 80 km
Je pressentais hier une journée difficile et je me suis trompé. Elle fut TRES difficile. Sans nul doute la plus éprouvante depuis mon départ.
J’avais décidé d’une ville d’arrivée qui, sur ma carte, faisait partie des grandes villes de la région. Et lorsque je me fixe un objectif, je dois aller jusqu’au bout. Défaut ou qualité ? C’est selon ! En cours de route, j’ai souvent pensé que c’était un défaut. Quelques chiffres pour mieux comprendre :
Longueur de l’étape : 80 km dont 55 d’ascension
Durée : 8h30
Altitude maximum : 4 070 m
Moyenne de dénivellation 4 % avec une pointe à 12%
Vitesse moyenne 9,4 km/h
Total des dénivelés : 1 687 m
Beaucoup de moissons se font à la faucille
En quittant le rio Mantaro, je quitte la vallée du même nom pour basculer dans une autre vallée. Il suffit que je lève les yeux pour deviner que ce basculement s’opérera tout en haut de la crête que j’aperçois. Cela ne m’effraie pas, je sais que la veille je suis descendu de mille mètres, j’admets donc que l’ascension durera les mêmes milles mètres. Je ne bronche pas mais tout de même, je trouve que j’avance lentement avec des pourcentages de dénivellation plus grands que d’ordinaire. Je reste longtemps dans des chiffres variant de trois à huit pour cent, chiffres peu fréquents au Pérou depuis que je le traverse.
C'est ma pause des genets qui fleurissent à 4 000 m en hiver
Tout le village a mis de la couleur sur ses maisons
Un match de foot à 3 600 m d'altitude et sans salaire !
Malgré tout, la montée est agréable et je prends le temps de capturer des images qui me permettent aussi un repos salvateur.
Je commence à m’inquiéter sur mon arrivée prévue quand à treize heures, je n’en suis qu’au trente neuvième kilomètre avec la totale incertitude du relief à parcourir. J’ai beau interroger les autochtones, les avis divergent. Qui croire ? Je décide alors de ne croire que la route sachant que ce soir je dormirai à Huancavelica.
Facétie de la nature pour me rappeler que j'avance lentement !
Un espoir d’apaiser ma fatigue apparaît lorsque la route semble décidée à prendre la pente finale. Erreur ! D’abord une descente de dix kilomètres et à nouveau, il faut remonter ces mêmes centaines de mètres descendues. Une autre ensuite pour apercevoir en face la route qu’il me faudra remonter. Décourageant certes mais je ne perds pas espoir, la montée finira bien par s’arrêter.
Première maison en pierres vue
Qui promène l'autre ?
Le lama reste sur ses gardes
Au soixante et unième kilomètre, je sais que je vais pouvoir avaler l’asphalte sans un seul coup de pédale. C’est presque vrai jusqu’à trois kilomètres de l’arrivée où je sais que mes derniers efforts sont arrivés. Trois kilomètres d’une grimpée pénible mais quand je m’aperçois que j’ai gagné, alors plus rien ne peut m’arriver. Lentement mais avec le sourire du vainqueur, je traverse la ville sous le regard toujours gênant des habitants.
Un hôtel, une douche et des draps propres suffisent à mon bonheur. Plus rien d’autre ne compte. Demain ou après demain, on verra bien !
Changement total de décor derrière la montagne, impressionnant !