Mes premiers alpagas
Mercredi 11 juillet
Huariaca – Colquijirca – 56 km
Départ matinal vers six heures trente pour une journée qui promet d’être plus difficile qu’hier. D’après la carte, le dénivelé est grand et la distance plus courte. La réalité du terrain rejoindra la carte avec une ascension plus raide et qui durera quarante huit kilomètres, distance atteinte en haut du col à 4 310 m.
Ceci pour les chiffres. Quant au cadre et aux rencontres de cette étape, ça valait encore son pesant d’or. Dans cette longue montée qui a mis du temps à voir le soleil pourtant levé depuis un long moment, je découvre la vie paisible les gens qui, coïncidence sans doute, sont occupés aujourd’hui à faire le grand lavage du linge. Ici aussi peut-être le linge sale se lave en famille. Pendant que les uns s’affairent aux vêtements, d’autres lavent les couvertures et le tout dans la bonne humeur. Quelques uns encore s’attaquent à un travail long et difficile, celui de laver, de piétiner dans un bain spécial, de relaver, de battre et de rincer les peaux de moutons pour les laisser ensuite sécher au soleil, à 4 000 m d’altitude, jusqu’à la fin du jour. Ces peaux serviront pour leur usage personnel, m’ont-ils expliqué. Tout heureux de se faire photographier, ils ont insisté pour me donner leur adresse électronique et ainsi recevoir les photos. Ce qui sera fait bien entendu !
La peau est d'abord piétinée dans un bain particulier
puis brossée et battue énergiquement
avec toujours ce même visage radieux
après un long rinçage, elle sèchera toute la journée au soleil ardent
C'est le jour de lessive aussi pour les jeunes ...
et les moins jeunes
Et l'eau surgit de la roche !
Quelques kilomètres plus loin, un ensemble de pierres au fond d’une petite vallée m’intrigue. J’y aperçois de grandes roues de pierres déjà rencontrées dans des sites incas et une sorte de portique avec un assemblage pierreux qui me rappelle d’autres déjà vus.
Poussé par la curiosité, je questionne deux dames et leurs enfants allongés près de leurs linges qui séchaient. Elles me confirment alors ce que je devinais, c'est-à-dire l’existence de ce petit site inca, complètement à l’abandon.
Une cavitée noyée dans la terre et l'eau
Manque plus que le cadre et voilà un vélo increvable !
Un peu plus loin dans la vallée, très en retrait de la route, je distinguerai à nouveau des bâtisses beaucoup plus grandes, de formes géométriques et sur une grande étendue.
Deux ensembles de cours circulaires hautes de quelques mètres
A nouveau, cette grande roue de pierre percée en son centre et d’un diamètre d’environ un mètre. Demain, ma route passera près de ruines antiques répertoriées elles sur ma carte.
Altitude 4000
A l’approche de Cuzco, j’ai comme l’impression que je rentre dans un espace où les lieux d’habitation antiques vont se faire de plus en plus fréquents. Ce qui n’est pas pour me déplaire !
Adorables alpagas pas trop effarouchés mais méfiants tout de même
Et, surprise totale à l’approche du col, broutant les rares herbes entre les rochers, une colonie d’alpagas. Rien que cette image qui venait de m’éclater à la figure a suffi à effacer tous les efforts de la montée. Miracle de la nature ! Pas trop effarouchés par ma présence mais pas trop confiants non plus, ils s’éloignaient un peu lorsque je les approchais. Ils ne se gênaient malgré tout pour la photo avec cette étonnante manière de fixer longuement l’intrus dans une position raide du cou.
A l'approche du col, un spectacle grandiose avec en toile de fond la Cordillère Blanche
Pour la première fois depuis mon départ du six mars, je viens de toucher des yeux mon animal fétiche de la Cordillère des Andes. A chaque jour ou presque son lot de surprises. Que me réserve demain ?