Retour dans l’Europe des 27 avec ma dernière frontière
Dimanche 25 juillet – Piskupat (Albanie)-Kastoria (Grèce) – 132,3 km (3500,1 kmc) – 8h20
Grosse frayeur peu après ce très beau lever de soleil, juste après mon départ sur les bords du lac où je viens de passer la nuit. Je subis deux attaques de chiens errants en l’espace de cinq kilomètres. La première par deux canidés qui ont lancé la charge simultanément, comme s’ils avaient coordonné leurs mouvements, à force sans doute d’entraînements répétés. La seconde était l’œuvre d’un impressionnant gabarit.
Leur tactique est toujours la même ou presque. Je ne les vois jamais sortir de leur repère et lorsque je réalise la situation, ils sont déjà dans les roues du vélo, avec les yeux et les crocs qui lorgnent très nettement le mollet. Il y a toujours un moment d’effroi tant la charge est rapide et brutale et je suis pris de frissons immédiats, dans tout le corps. La surprise passée, je mets en pratique moi aussi ma tactique qui, jusqu’à présent, s’est révélée payante. Je stoppe net de pédaler car ce sont les mouvements des jambes qui les excite particulièrement. Inutile donc d’essayer de fuir en accélérant, ce serait peine perdue. Parfois, ça suffit pour qu’ils arrêtent leur chasse mais dans la plupart des cas, je descends de vélo, me positionne face à eux et pousse un grand cri. Ca les arrête net et ils prennent alors de la distance après ce coup de semonce inattendu. Je peux alors repartir mais en les surveillant attentivement.
Situation très impressionnante par sa rapidité, sa soudaineté et les conséquences possibles et je mets un certain nombre de km à retrouver un peu de sérénité. Chacun comprendra bien que lorsqu’au loin j’aperçois une de ces bêtes, je ne suis jamais très rassuré.
Cet épisode redouté des cyclistes passé, je continue ma route avec comme objectif affiché, le passage de ma dernière frontière et mon retour dans l’Europe des 27. Après ma très belle et très instructive traversée de ces terres inconnues, de la Slovénie à la Macédoine puis l’Albanie, j’ai un plaisir certain à passer la douane d’autant que j’ai eu la faveur des douaniers qui m’ont fait passer avant une file impressionnante de voitures (j’ai bien du gagner au minimum 1h d’attente) puis offert une bouteille d’eau avant de me féliciter pour ce périple à leur yeux symbolique après l’appel au secours de la Grèce lors des moments difficiles qu’ils ont passés.
Avec la terre de l’antique civilisation, je redécouvre la pluie ce qui m’a permis de m’arrêter environ deux heures pour le déjeuner et un léger repos.
Ma journée s’arrêtera à Kastoria et je remets à demain la découverte d’un très joli lac aux dires de deux cyclistes qui ont absolument eu envie d’entamer une conversation sur le vélo, le bonhomme dessus et le film du trajet.
Après la Macédoine, je crois que je vais passer à la salade grecque à beaucoup de mes repas.
Et demain est un autre jour, un peu particulier celui-là.