Le voyage en bus n’est pas toujours de tout repos

Publié le par JANODOU

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Vendredi 27 juillet

Transfert en bus jusqu’à Abancay – 280 km

 

L’Amérique du sud à bicyclette est une aventure, voyager en bus en est une autre.

 

Tout commence au terminal de bus d’Ayacucho où les liaisons entre les villes, même lointaines, sont en général facilitées par un service de transport très bien organisé et les entreprises sont nombreuses à se livrer concurrence.

J’achète le billet la veille pour ne pas avoir la surprise d’une file d’attente et surtout, je prends soin d’indiquer que j’aurai à charger un vélo avec ses cinq bagages.

« C’est enregistré monsieur, à demain ! »

 

 J’arrive une demi-heure plus tôt mais il me faudra attendre quinze minutes pour une raison indéterminée. Quand arrive mon tour, je signale qu’un vélo est prévu au chargement et j’avance vers la soute à bagages.

« Ah non, monsieur, il n’y a plus de place pour votre vélo ! »

Etonnement puis frayeur sachant que le voyage durera presque la journée. J’insiste en indiquant que l’agence de transport est informée de ce supplément.

« Ah non, monsieur, il n’y a plus de place pour votre vélo, regardez vous-même ! »

J’insiste plus fermement mais la réponse est la même, avec de plus l’air de se moquer du touriste qui vient perturber l’organisation du voyage. La seule solution qui m’est proposée est de reporter mon voyage de vingt quatre heures. Je refuse catégoriquement. Le ton monte rapidement au point d’éveiller l’attention d’un péruvien, témoin de la scène depuis un petit moment sans doute, et qui prend le relai avec les organisateurs. Ils restent sur leur position.

Indigné du comportement du transporteur, il appelle immédiatement un représentant de la police pour lui faire remarquer qu’on ne traite pas un touriste de cette façon au Pérou et qu’il faut que l’entreprise, en faute, trouve la solution d’embarquer le « touriste » et ses bagages. Palabres, gesticulations, échanges de propos pas très tendres et le policier somme la compagnie de réparer leur manquement.

Moins de trois minutes plus tard, je pouvais amplement embarquer le vélo et les cinq bagages et j’ai même eu droit au sourire en prime.

J’ai remercié le policier et cet inconnu venu à mon secours qui m’a alors longuement expliqué que le devoir des citoyens péruviens est d’accueillir le touriste et que tout doit être fait pour l’image que doit donner le Pérou aux yeux de l’étranger. Est-ce que nous nous posons ce genre de question en France ? Je n’en suis pas si sûr.

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Départ forcément retardé et, à neuf heures, commence enfin un voyage de près de trois cents kilomètres à travers une partie de la montagne faite de pistes et surtout dans une région qui a décidé de transformer ses mauvaises routes en voies asphaltées. Très bonne initiative sauf que la montagne est devenue un véritable chantier et, très régulièrement, le bus s’arrête lorsqu’il croise un autre véhicule. Il s’oblige à plusieurs reprises à la marche arrière et il y eut même une grande effervescence dans le bus lorsque celui-ci croisa un autre bus avec les roues au bord du précipice. Si c’est un film, je suis à l’écran et ne suis pas rassuré.

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Regarder, prendre l'air et attendre que cela passe.

Régulièrement encore, le voyage s’interrompe pour permettre aux engins de faire leur travail et il est courant de devoir attendre un quart d’heure, voire même une fois près de trente minutes. Chacun prend son mal en patience et moi, j’espère arriver à temps pour la deuxième partie de la chevauchée fantastique prévue à dix-neuf heures. Ce fut juste et dix heures après le départ de la matinée, je monte dans un car confortable pour les cinq dernières heures. Enfin tranquille et je vais pouvoir tenter de dormir un peu.

Pas du tout ! Un contrôle de police oblige chaque voyageur à montrer patte blanche en même temps que sa carte d’identité et ses bagages à main. Un quart d’heure et c’est enfin la délivrance, celle de commencer un petit somme.

Pas du tout. Un deuxième contrôle de police, quelques cinq kilomètres plus loin, oblige chaque passager à donner sa carte d’identité pour un contrôle plus approfondi des individus louches que nous sommes devenus dans ce bus. Le zèle est international, j’en ai la preuve !

Il est minuit, l’arrivée à Abancay est sans autre incident, et il me faut maintenant trouver un lit où j’espère ne pas être contrôlé.

Un hôtel où je prendrai la douche froide et dormirai dans mon duvet de peur de me souiller en glissant dans les draps.

 

L’Amérique du sud à bicyclette est une aventure, voyager en bus en est une autre.

 

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Je retrouve à Abancay les peintures murales

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Et la commémoration de la libération du Pérou par Simon Bolivar en 1824


Publié dans 4 - LE PEROU

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Commenter cet article
F
<br /> Tu aurais peut être été plus vite en restant sur ton vélo  Oui Je ne pense pas qu'en France on ait ce genre de<br /> préoccupation... avec la mauvaise réputation que les étrangers nous donnent !<br />
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J
<br /> <br /> C'est un peu vrai !<br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> C'est vraiment une épopée étonnante et édifiante! Vous avez bien fait d'insister et finalement l'arrivée de ce Monsieur a été providentielle.<br />
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J
<br /> <br /> C'est l'aventure dans l'aventure !<br /> <br /> <br /> Merci à toute la famille qui ne cesse de me supporter<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> cela semble être plus facile à vélo, n'empeche c'est sympa de trouver des gens qui aident le touriste "ordinaire" et bravo pour ta patience.<br />
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J
<br /> <br /> C'est le charme du Pérou, l'hospitalité et la gentillesse de la population. Et je ne parle pas des décors somptueux.<br /> <br /> <br /> A bientôt Neil<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Très impressionnant ce voyage en bus sur cette piste  de montagne qui s'effondre. D'après vos récits et ceux de Françoise je remarque que la plupart des<br /> péruviens ont un grand sens de l'hospitalité. Quant à la France, on ferait bien de revoir nos codes. Ce chauffeur est surement une exception.  Où avez-vous dormi à l'arrivée tardive<br /> d'Abancay ?  <br />
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J
<br /> <br /> Dans l'hôtel de la gare routière bruyant comme toutes les gares. Je me suis vite endormi quand même.<br /> <br /> <br /> A bientôt Monica<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Bonjour Jean-Luc Epique ce voyage en bus mais pratique pour les trajets difficiles. Tu vas retrouver ta chère monture plus docile surement.Heureusement qu'il y avait un bon samaritain sur ta<br /> route pour t'aider à le prendre ce bus.Quand à la police elle est peut-être plus "voyante" que chez nous.... A bientôt. Cordialement. Joël<br />
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J
<br /> <br /> Cet incident est rare pour ce que j'en ai vu, je ne rencontre que de la compassion et des grands sourires. <br /> <br /> <br /> Si tu vas voir la carte de l'Amérique en page d'accueil, tu verras que j'ai décidé de baptiser les cols sans nom sur ma carte par les prénoms de mes supporters. Ainsi donc, hier j'ai passé le col<br /> "Joël" au dessus d'Abancay, à 4 000 m.<br /> <br /> <br /> Merci Joël et à bientôt<br /> <br /> <br /> <br />